Dans le droit fil du texte dont j'avais jeté les bases en juillet dernier, "L'audace et l'ouverture", des militants des courants O2R et Audaces se sont réunis à Lyon les 27-28 septembre et vous proposent le texte d'orientation "Ouverture, Audace, Imagination !"
J'adhère totalement à cette initiative. Le travail en commun au cours des deux années écoulées a montré une constante convergence de vue entre ces deux courants des Verts. En revanche, des difficultés sont souvent apparues avec la troisième composante de la majorité sortante ("Espoir en actes"), dont la plus spectaculaire fut le vote du 13 mai 2007 et la résolution selon laquelle "les Verts n'avaient plus d'alliés privilégiés". Avec des conséquences bien concrètes comme la participation de dirigeants de ce courant à des listes municipales que l'on aurait jugée impensable pour des Verts il y a encore deux ans, telle qu'une liste conduite par un chevènementiste et allant jusqu'au Modem. Là dessus, nous attendons de nos amis EEA une clarification, comme d'ailleurs de nombreux anciens minoritaires souhaitant nous rejoindre dans l'animation des Verts (et qui sont les bienvenus).
Car ne nous y trompons pas. L'unanimité s'est faite à Toulouse pour le projet de Rassemblement des écologistes, associatifs, syndicalistes et politiques pour les européennes de 2009. Mais deux questions restent en suspens.
S'agit-il d'une simple manoeuvre de circonstance pour sauver des places, ou d'un véritable "big bang de l'écologie politique", correspondant à une montée en flèche de la prise de conscience des impasses et de la crise du libéral-productivisme ? Le rassemblement "Ouveture, Audace, Imagination !" part clairement de la seconde hypothèse, mûrement réfléchie depuis des années, avec des propositions constantes, notamment de réformes statutaires permettant enfin aux Verts de "s'ouvrir" et d'abandonner les jeux stériles de sous-courants.
Toute aussi importante est la seconde question : ce regroupement des écologistes annonce-t-il un nouvel isolationnisme "ni droite ni gauche", nous ramenant à l'impuissance ? Au contraire, nous voulons nouer des alliances pour mener des politiques publiques écologistes révolutionnaires. Or la crise mondiale du capitalisme, ouverte depuis un an (de la faillite des usuriers prêtant "subprime" aux travailleurs pauvres américains, à l'explosion du prix des aliments et de l'énergie) est à la fois sociale et environnementale. Nos alliances ne peuvent être qu'avec le camp populaire, et le Rassemblement des écologistes doit viser à prendre la direction de celles et ceux qui veulent d'abord préserver de la crise climatique les plus démunis.
Enfin, derrière ces questions stratégiques se cache une question d'attitude. Voulons-nous vraiment, pour changer les choses, changer la France, l'Europe et la Planète, saisir chaque occasion de réforme, dans cette course contre la montre qui sera close en 2015, selon les experts du GIEC ? Voulons nous donc présenter les indispensables réformes comme une punition des éléments que nous avons maltraités, ou comme des transformations de notre mode de vie à la fois désirables, réalisables, continues, participatives, et pour tout dire joyeuses ?
Alain Lipietz
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